28-08-2009, 05:02
Il y a des choses dans la vie auxquelles on ne peut échapper.
Les rendez-vous chez le dentiste, les déclarations d'impôts, les douleurs gastriques après un repas dans un restaurant chinois qui semblait pourtant bien propre, les éditos sur opiOM.
Mine de rien, si il y a une chose qui est restée au poste depuis 2004, c'est l'habitude d'avoir un édito à lire avant chaque match. On a perdu l'huissier de justesse, le machafroa, l'incomparable Georges Profond, beaucoup d'intervenants plus ou moins historiques, la sublime paterne noire initiale du forum, la non moins jolie Une orange ou encore le fantabuleux Marlétisme.
Toutes ces choses qui ont fait qu'opiOM est opiOM, les temps changent, c'est le jeu ma pauv' Lucette.
Mais, fidèle au poste, l'édito subsiste. Et j'aime autant vous dire que pour faire marcher le bousin faut du cur à l'ouvrage. Car loin de la banale présentation des équipes comme sur n'importe lequel des sites du uèbe mondial, ici on fait les choses à notre façon. Et, là est mon problème. Parce que voyez vous je souffre de ce qu'on appelle chez les grands écrivains la peur de la feuille blanche. J'ai énormément de mal à me mettre à écrire des trucs avec une queue et une tête, du genre qui se tient avec du sens. Voir même écrire tout court.
Je me suis rendu compte de ma difficulté à poser des mots en janvier dernier. Je m'étais retrouvé ce soir-là dans un hôtel glauque d'une station balnéaire de la Costa Blanca. Check-in effectué et ayant faim après plusieurs heures de route, tout naturel je me dirige vers le snack bar vanté par la réceptionniste entre deux textos envoyés à son homme. Je descends un escalier monumentalement kitch et arrive au dit bar. Une espèce de grande salle type gymnase de collège version plafond bas, belle moquette bleue tachetée de rose. Je m'approche du comptoir, commande un sandwich et le barman me répond que la cuisine est déjà fermée. Pas décontenancé pour un brin j'attrape une paire de paquets de chips au vinaigre et commande un Dry Martini ainsi qu'un Grand Marnier sur glace. Au moins l'afflux d'alcool m'endormira sans sentir la faim.
Commande en main je m'assied à l'une des innombrables tables rondes éparpillées dans la salle. Adossé à un pilier j'ai une vue imprenable sur le lieu. A ma droite des couples de pré-retraités britanniques en fascination sur les deux gus chantant sur la scène. A ma gauche, des couples très retraités britanniques essayant tant bien que mal de ne pas faire tomber la moindre cacahuète au sol tout en ne perdant pas une goutte de leur gin-tonic probablement déjà renouvelé quelques fois. Rapide coup d'il nonobstant la somnolence de l'alcool qui arrive ; je suis le plus jeune de la salle. Un examen plus approfondi, et je suis le seul client de moins de 50 ans. Quoique, un trentenaire visiblement anglais à en juger par son maillot de Lampard s'acharne sur la machine à poker située près des toilettes.
Sur scène, deux quadras en chemise turquoises brillantes s'acharnent à massacrer allègrement une flopée de vieux tubes dans un anglais aussi bon que mon italien. Leur triste performance vient de me vacciner à vie contre Killing Me Softly. Je sens amorcer une crise de fou rire devant le ridicule de la situation et m'efforce de me concentrer sur mon cocktail, puisque les chips ont rendus l'âme.
Plutôt que d'aller me reposer dans le 8m2 avec vue sur les poubelles qui me sert de chambres, je décide de rester un chouia plus longtemps quand je vois un hibou traverser la salle. Visiblement je suis arrivé le soir des animations. Un vieil hippie baragouine dans un anglais des plus approximatifs, un oiseau sur le bras, pendant que les serveurs debout derrière moi parlent d'une certaine Cristina. Décidé à ruiner ma nuit de repos entre deux étapes, je commande une pinte et essaie de m'intéresser à cette bête à plumes. 2-3 allers-retours, les petits vieux applaudissent, le show est fini.
Mû par l'alcool je commence à écrire un sms coquin à une collègue de travail qui selon la rumeur que je me suis imaginé aurait le béguin pour moi. Après une bonne quinzaine d'essais infructueux pour arriver à un texte clair, limpide et qui doit entraîner une réponse affirmative, je jette l'éponge. Je tente d'envoyer alors à mon cousin une photo du couple assis devant moi. Lui, cinquantaine bedonnante assortie d'une multitude de taches de rousseurs sur son crâne chauve. Elle, maigre comme Chantal la voisine de mon grand-père. Pas de réseau, envoi refusé. Lassé, je paie en laissant un pourboire. Le barman me regarde tout étonné et me sort un Muchisimas Gracias des plus francs. N'ayant plus aucun recul vu mon imbibation à jeun, je lui demande directement pourquoi. J'apprends que c'est uniquement maintenant à 23h18 qu'un client a enfin laissé un pourboire.
Tant bien que mal je sors de ce temple à la déprime et remonte vers ma chambre, croisant devant l'ascenseur deux jeunes filles rentrant visiblement de soirée. N'ayant pas ce soir l'alcool sociable, je fais mine de ne pas parler anglais et me concentre sur le mur intérieur de l'ascenseur en métal brossé.
Décidé à penser à autre chose qu'aux deux papas chanteurs, j'allume la télévision. Sur une chaîne je vois des poussins sur un tapis roulant, et décide que ce sont des visions. J'éteins le poste et tente une énième fois d'envoyer ce fameux message à la jeune Gloria. Lassé par mes énièmes infructueux essais, j'allume une dernière cigarette avant d'aller me laver les dents. Je me couche. J'ai faim. Mon plan a échoué.
Ou sinon j'aurais très bien pu dire que dimanche il faudra se sortir les doigts et poutrer les beaux-gosses.
Les rendez-vous chez le dentiste, les déclarations d'impôts, les douleurs gastriques après un repas dans un restaurant chinois qui semblait pourtant bien propre, les éditos sur opiOM.
Mine de rien, si il y a une chose qui est restée au poste depuis 2004, c'est l'habitude d'avoir un édito à lire avant chaque match. On a perdu l'huissier de justesse, le machafroa, l'incomparable Georges Profond, beaucoup d'intervenants plus ou moins historiques, la sublime paterne noire initiale du forum, la non moins jolie Une orange ou encore le fantabuleux Marlétisme.
Toutes ces choses qui ont fait qu'opiOM est opiOM, les temps changent, c'est le jeu ma pauv' Lucette.
Mais, fidèle au poste, l'édito subsiste. Et j'aime autant vous dire que pour faire marcher le bousin faut du cur à l'ouvrage. Car loin de la banale présentation des équipes comme sur n'importe lequel des sites du uèbe mondial, ici on fait les choses à notre façon. Et, là est mon problème. Parce que voyez vous je souffre de ce qu'on appelle chez les grands écrivains la peur de la feuille blanche. J'ai énormément de mal à me mettre à écrire des trucs avec une queue et une tête, du genre qui se tient avec du sens. Voir même écrire tout court.
Je me suis rendu compte de ma difficulté à poser des mots en janvier dernier. Je m'étais retrouvé ce soir-là dans un hôtel glauque d'une station balnéaire de la Costa Blanca. Check-in effectué et ayant faim après plusieurs heures de route, tout naturel je me dirige vers le snack bar vanté par la réceptionniste entre deux textos envoyés à son homme. Je descends un escalier monumentalement kitch et arrive au dit bar. Une espèce de grande salle type gymnase de collège version plafond bas, belle moquette bleue tachetée de rose. Je m'approche du comptoir, commande un sandwich et le barman me répond que la cuisine est déjà fermée. Pas décontenancé pour un brin j'attrape une paire de paquets de chips au vinaigre et commande un Dry Martini ainsi qu'un Grand Marnier sur glace. Au moins l'afflux d'alcool m'endormira sans sentir la faim.
Commande en main je m'assied à l'une des innombrables tables rondes éparpillées dans la salle. Adossé à un pilier j'ai une vue imprenable sur le lieu. A ma droite des couples de pré-retraités britanniques en fascination sur les deux gus chantant sur la scène. A ma gauche, des couples très retraités britanniques essayant tant bien que mal de ne pas faire tomber la moindre cacahuète au sol tout en ne perdant pas une goutte de leur gin-tonic probablement déjà renouvelé quelques fois. Rapide coup d'il nonobstant la somnolence de l'alcool qui arrive ; je suis le plus jeune de la salle. Un examen plus approfondi, et je suis le seul client de moins de 50 ans. Quoique, un trentenaire visiblement anglais à en juger par son maillot de Lampard s'acharne sur la machine à poker située près des toilettes.
Sur scène, deux quadras en chemise turquoises brillantes s'acharnent à massacrer allègrement une flopée de vieux tubes dans un anglais aussi bon que mon italien. Leur triste performance vient de me vacciner à vie contre Killing Me Softly. Je sens amorcer une crise de fou rire devant le ridicule de la situation et m'efforce de me concentrer sur mon cocktail, puisque les chips ont rendus l'âme.
Plutôt que d'aller me reposer dans le 8m2 avec vue sur les poubelles qui me sert de chambres, je décide de rester un chouia plus longtemps quand je vois un hibou traverser la salle. Visiblement je suis arrivé le soir des animations. Un vieil hippie baragouine dans un anglais des plus approximatifs, un oiseau sur le bras, pendant que les serveurs debout derrière moi parlent d'une certaine Cristina. Décidé à ruiner ma nuit de repos entre deux étapes, je commande une pinte et essaie de m'intéresser à cette bête à plumes. 2-3 allers-retours, les petits vieux applaudissent, le show est fini.
Mû par l'alcool je commence à écrire un sms coquin à une collègue de travail qui selon la rumeur que je me suis imaginé aurait le béguin pour moi. Après une bonne quinzaine d'essais infructueux pour arriver à un texte clair, limpide et qui doit entraîner une réponse affirmative, je jette l'éponge. Je tente d'envoyer alors à mon cousin une photo du couple assis devant moi. Lui, cinquantaine bedonnante assortie d'une multitude de taches de rousseurs sur son crâne chauve. Elle, maigre comme Chantal la voisine de mon grand-père. Pas de réseau, envoi refusé. Lassé, je paie en laissant un pourboire. Le barman me regarde tout étonné et me sort un Muchisimas Gracias des plus francs. N'ayant plus aucun recul vu mon imbibation à jeun, je lui demande directement pourquoi. J'apprends que c'est uniquement maintenant à 23h18 qu'un client a enfin laissé un pourboire.
Tant bien que mal je sors de ce temple à la déprime et remonte vers ma chambre, croisant devant l'ascenseur deux jeunes filles rentrant visiblement de soirée. N'ayant pas ce soir l'alcool sociable, je fais mine de ne pas parler anglais et me concentre sur le mur intérieur de l'ascenseur en métal brossé.
Décidé à penser à autre chose qu'aux deux papas chanteurs, j'allume la télévision. Sur une chaîne je vois des poussins sur un tapis roulant, et décide que ce sont des visions. J'éteins le poste et tente une énième fois d'envoyer ce fameux message à la jeune Gloria. Lassé par mes énièmes infructueux essais, j'allume une dernière cigarette avant d'aller me laver les dents. Je me couche. J'ai faim. Mon plan a échoué.
Ou sinon j'aurais très bien pu dire que dimanche il faudra se sortir les doigts et poutrer les beaux-gosses.