11-11-2011, 17:10
(11-11-2011, 14:00)benoit chez roux a écrit :(11-11-2011, 11:56)Supernova a écrit : J'avoue que j'ai du mal avec cette idée du "changement d'attitude" de DD.
Aujourd'hui le travail de l'entraineur il est à 80 % du travail de relationnel et de psychologie. L'entraineur doit s'adapter en permanence aux situations, aux mentalités, aux qualités et aux défauts de son groupe, il doit composer avec les états d'âme des uns et des autres, à la pression extérieure. Bref, "changer d'attitude" ce n'est pas un choix, c'est une obligation pour TOUS les entraineurs du monde. De temps en temps l'entraineur doit être plus directif, parfois plus paternaliste, parfois autoritaire, parfois conciliant. L'entraineur manie la carotte et le bâton en permanence.
Tu ne gères pas un groupe de la même façon suivant qu'il est dans une spirale de victoires ou dans une spirale de défaites. Parfois les joueurs doivent être rassurés, parfois ils doivent être bousculés.
Bref DD fait tout ce que font tous les grands entraineurs, de la gestion humaine. Mourinho ne se comporte pas avec Benzema aujourd'hui comme il se comportait il y a 1 an. Et qui peut croire que le Fergusson de 2012 est le même que le Fergusson de 1987 ?
Le problème, c'était pas de dire que sa gestion était mauvaise mais plutôt inadaptée. Durant ces vingt dernières années, le football a subi une véritable révolution avec l’arrêt Bosman, l'explosion des salaires, droits d'image, ce qui a entrainé logiquement un changement radical dans le comportement des joueurs. Y a pas longtemps, je ne sais plus ou j'ai lu l'interview un agent qui expliquait qu'il ne s'occupait pas seulement des salaires/transferts de ses joueurs, mais aussi de leur quotidien, du vrai baby-sitting pour ces jeunes millionnaires. Avant la plupart des joueurs se mariaient tôt aussi et l'entraineur avait devant lui des hommes stables ayant le sens des responsabilités. Aujourd'hui, l'entraineur doit plus faire preuve de figure paternaliste que celle d'un entraineur autoritaire qui n'a pas à rappeler à chacun ses obligations professionnelles. Je donnais l'autre fois l'exemple de Capello, vous l'imaginez quinze ans plutôt supplier quasiment son joueur ( Caroll ) d’arrêter la bière dans la presse ? Il l'aurait directement exclu parce que hygiène inadapté à un footballeur de haut niveau.
Pour Fergusson, il faudrait demander au vestiaire si depuis Beckham, il y a eu de nouveaux jets de chaussures ou pas
Benoît, tu parles de la mutation du monde du foot depuis 20 ans, on peut même l'étendre à d'autres sports, comme le tennis.
Je viens de lire un article à propos de la succession de Forget au capitanat de l'EDF de Coupe Davis qui ne sera pas pour Noah : ça parle exactement du changement de mentalité des joueurs (qui a pas été brutal mais avait déjà commencé à l'époque) et donc du changement nécessaire de la mentalité et du comportement du coach.
Noah : "Moi, expose Noah, j'ai été capitaine à une époque qui était la belle époque, où les joueurs étaient fiers d'être en équipe de France. Quand je vois aujourd'hui le travail de Guy, c'est 80% d'aller séduire les mecs pour qu'ils viennent : 'S'il vous plaît, sans trop vous déranger dans votre punaise de planning, est-ce que vous voulez bien venir?' Et quand il y en a qui viennent, ils viennent en reculant et le plus tard possible. Moi, je n'avais pas ce problème. (...) Je me rappelle des discussions avec McEnroe à l'époque, je lui disais: 'Moi, je m'éclate.' Et lui me disait: 'Moi, mon boulot, c'est d'aller cirer les pompes de l'agent d'Agassi parce que sinon, les mecs, ils ne veulent pas venir.' C'est un peu ce qui se passe aujourd'hui."
Forget : "Le rôle du capitaine à un moment donné, c'est aussi de s'adapter aux membres de l'équipe, à leur personnalité, à leur génération, comme on le voit dans tous les sports. Aujourd'hui, tout va très vite, tout se sait très vite et on ne peut pas lutter contre ça. A l'époque de Yannick, il y avait moins d'argent en jeu, moins de sollicitations médiatiques, moins de moyens de distraction. Yannick ne voulait pas que l'on lise le journal pour nous polluer l'esprit. J'ai essayé d'imposer cela moi aussi, mais je voyais que mes gars ouvraient leur I-Pad ou leur portable et lisaient tout ce qu'ils voulaient. Ce sont des combats aujourd'hui qui sont perdus d'avance. (...)"