18-10-2007, 20:58
Plus le pouvoir est dispersé, moins on peut en abuser, dit-on communément. Cette sentence peut-elle sappliquer au particularisme marseillais où le pouvoir est multiple ?
Toutes les couches sociales qui gravitent autour du Vélodrome possèdent cette aptitude.
On connaît le pouvoir des tribunes qui inhiberait les joueurs, celui des beurs demi-sel qui phagocyteraient le domaine sportif, celui des pouvoirs publics qui à lapproche dune échéance capitale pour la reconduction de leurs prérogatives verraient dun mauvais il une révolution sopérer alors quune providentielle couverture des tribunes les mettrait sous la protection divine. Ne dit-on pas :Aie deux toits le ciel taidera...
Le pouvoir de RLD affaibli par le pouvoir judiciaire.
Celui de Pape Diouf, un pouvoir par procuration. Celui de Loulou, le fondé de pouvoir.
Celui de largent qui modifie les comportements des agents blanchissants et de leurs dociles poulains.
Celui de la presse, le quatrième pouvoir, qui noue et dénoue les destins des clubs médiatisés.
Le pouvoir de Canal + sur les horaires des matchs de lOM.
Sans compter que certains observateurs considèrent qu'Internet, plus particulièrement les blogs, écrits par le peuple, contrairement aux médias professionnels, représentent un "cinquième pouvoir".
Alors que dire de celui doublement spirituel de Mama Cass humoristique et ecclésiastique qui par ses commentaires énamourés perturbe le jeu de Lorik Ah ! Le pouvoir des mots
On échangerait volontiers tous ces multiples pouvoirs par celui créateur du grand joueur capable, sur un coup déclat, de faire basculer le cours dun match
Mais il est évident quil y a du pouvoir dans toute relation sociale, pas seulement dans les plus colorées, les plus épiques, mais aussi dans les plus anodines, les plus triviales, ou les plus intimes ; dans la relation du maître et de lélève, bien sûr, du chef dentreprise et du leader syndical, mais aussi dans celle de la mère et de son enfant, et bien sûr dans les relations de lentraîneur et de ses joueurs.
Les relations de pouvoir sont centrales dans les rapports entraîneur/joueurs.
Ce phénomène se manifeste de plusieurs façons.
Dabord, il y a une dissymétrie essentielle entre les actions de lentraîneur et les actions du joueur : alors que les actions des joueurs dérangent lordre‑établi ou sy conforment, les actions de lentraîneur ont pour fonction dinstituer lordre dans léquipe, de le maintenir et de le renouveler au besoin.
Linitiative de laction revient fondamentalement à lentraîneur. Entraîner cest prendre le pouvoir dans un groupe, lui imprimer une direction, lui imposer des règles. Or toutes ces actions sont sous la responsabilité du coach. Sil est incapable dassumer ce rôle, il ne peut pas diriger. Cest lui qui interprète les situations‑limites, lorsque des règles sont transgressées ou manipulées.
Il assure la discipline du groupe en fonction des critères quil impose et avec lesquels il joue, les adaptant aux situations changeantes de laction, de ladversaire, du contexte.
Le récent changement dentraîneur à lOlympique de Marseille a réveillé une question fondamentale : quel est le pouvoir réel du coach sur le comportement de ses joueurs ?
Lapparente rigueur tactique dEric est-elle plus pertinente sur les résultats que les liens amicaux qui unissaient Albert et ses troupes ?
Vaste question, le pouvoir étant protéiforme, le passé nous a prouvé que toutes les formes de management étaient justes
On a connu des entraîneurs à poigne, tacticiens jusquà lextrême, Linder, Clemente, Beckenbauer, Perrin, Troussier dautres, plus relax, Mario Zatelli, Albert Braga, Raymond Goethals, Roland Courbis qui étaient un peu plus dans la nuance.
Ces deux catégories dentraîneurs utilisaient suivant leur classification les deux facettes du pouvoir : linfluence ou linjonction
Le pouvoir dinjonction est celui du chef hiérarchique qui place son subordonné devant une alternative simple : soit il adopte le comportement demandé, soit il est sanctionné et va faire un tour en CFA 2.
Le pouvoir dinfluence ne fait pas appel à la force mais à une gratification matérielle, sous forme de prime, par exemple ou symbolique, une place de titulaire, voire une promesse de libération anticipée pour service rendu.
Mais le pouvoir ne sexerce pas quà travers des relations de domination.
Léchange est indispensable sinon la relation de pouvoir ne peut sexercer.
Il faut pour cela que les joueurs aient une reconnaissance légitime de leur entraîneur.
Sa légitimité lui confèrera popularité et pouvoir.
Eric Gerets, nanti de son palmarès, particularité exemplaire dun chef, obtient son pouvoir par la légalité.
Son pouvoir se transforme alors en domination charismatique. "Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir" affirmait Rousseau, pas Dominique mais un homonyme presque aussi célèbre prénommé Jean-Jacques.
Ainsi un pouvoir par la force ne fonctionne quà court terme et sur des individus socialement obéissants, Troussier avec léquipe nationale du Japon gagne son pari commando en imposant son point de vue dans le mépris du pluralisme et des avis extérieurs, on sait ce quil advint dans le creuset marseillais où le désordre est roi.
Il n'y a rien de plus terrible qu'un pouvoir illimité dans les mains d'un être borné...
Ainsi se présente en cette fin de semaine la confrontation entre un quinzième et un dix-huitième, des prétendus prétendants à lEurope, des qui débauchent des coachs
La confrontation aura lieu dans ces petits rectangles tracés à la craie blanche desquels, sous les regards inquisiteurs du quatrième arbitre, les entraîneurs ne peuvent séchapper.
Mesquines surfaces pour ces dévoreurs despace quétaient le cavaleur JPP et Eric Gerets, fameux latéral droit offensif
De ce modique réduit, tel un Georges Profond des grands soirs, les deux protagonistes auront le pouvoir de changer la donne, dapporter la nouveauté tactique qui surprendra ladversaire et lenfoncera encore plus dans les abîmes vertigineux qui mènent tout droit en enfer.
On compte sur toi Gerets, sur ta tactique pour faire remonter toute léquipe, on veut Eric, dix mecs hauts histoire de se remémorer le bon vieux temps où un de tes compatriotes nous fit aimer les histoires belges.