05-04-2006, 16:05
Danger, produits infâmables !
La décision du Comité national d'éthique (CNE) semble à tout le moins surprenante. Pour l'OM et pour Paris. Au nom des tiques, le CNE souffle sur les braises ardentes d'un contentieux ravivé notament par le caillassage du bus olympien, l'an dernier à Paris. Et met au feu des relations qui s'étaient pourtant pacifiées.
Deux dirigeants suspendus de toute fonction, et un point retiré à chaque club, au moment où ses derniers semblaient refaire surface.
Cette décision, impulsée à la base par Canalplus via la Ligue puis le CNE, est-elle simplement fondée ? La mauvaise image du football peut-elle être invoquée ?
Ce clasico s'est joué avant même le coup d'envoi. Cet état de faits renforce la théorie tendant à démontrer qu'un Paris/Marseille, est accessoirement un match de football...
Le contexte du match aller, sur fond de pathos ammoniaqué n'y est sans doute pas étranger. Il incombait alors aux dirigeants des deux club de ramener le débat sur un terrain sportif.
Ni Pape Diouf ni Pierre Blayau ne l'a fait. Le Pape aux mobiles a gesticulé. Blayau a rassemblé les éléments préparatifs à un festival Pierrot-technique.
Les raisons de la colère
Le règlement en vigueur consiste en l'attribution aux supporteurs adverses par le club réceptionnaire, d'un quota de places équivalent à 5% de la capacité d'accueil. Voilà pour la théorie.En pratique, l'OM et le PSG s'entendent par accord tacite à ne délivrer que 1000 places, et ce, depuis des années.
L'OM a voulu profiter du caractère verbal de l'entente pour adresser une demande de places supplémentaires à Paris, qui a logiquement refusé.
La sécurité et la prévention des risques inhérents à une telle rencontre formaient la pierre angulaire d'un discours préventif, porté à juste titre par une actualité qui le justifiait pleinement.
Pourquoi ne pas avoir ordonné le déroulement du match à huis-clos ? A événement exceptionnel, gestion exceptionnelle.
D'autant que Paris a revendu les places refusées aux Marseillais, sur internet, à des supporters dont on ne connaissait pas l'identité et placés au-dessus de la tribune phocéenne...
Sur ce, le Pape, dont la demande de places supplémentaires semblait pour le moins incongrue, décide d'entâmer un bras de fer qui l'enfermera dans une logique jusqu'au-boutiste. Pour ne pas perdre la face auprès des supporters, tout heureux qu'un dirigeant se place de leur côté...
Pape Diouf ne peut plus faire machine arrière et gonfle ses biscotaux.
Ce sera l'équipe réserve qui affrontera l'équipe une du PSG.
Au terme d'un match franchement pénible, mais pas moins que ceux de Bordeaux et Lille, les Minots réussissent l'exploit de préserver la virginité du score.
Les âmes chastes de Canalplus, actionnaire majoritaire du club parisien, hurlent au scandale. Les abonnées auraient été floués ! Il n'y a pourtant pas de quoi ! L'audimat a explosé et le championnat n'a pas été faussé par l'atomisation des Minots de 5ème division...
Simplement, Goliath n'a pas supporté d'être toisé par David. Sur le plan du préjudice, cet argument ne vaut rien.
Mais la chaîne cryptée, qui a déboursé 600M pour disposer de l'exclusivité, ne l'entend pas de cette oreille.
Canal demande à la Ligue de sévir. Au nom de quoi, on se le demande ! En quoi Canal est-il juge de la qualité d'un spectacle qu'elle ne se gène pas pour survendre ?
La Ligue, avec son habituel courage, refile le bébé aux Conseil d'Ethique...
Si Paris avait battu l'OMbis 10 à zéro, le championnat aurait clairement été faussé. Ce n'est pas le cas. Y aurait-il eu pour autant plainte de la part de Canal ?
Surmotivation des peines et dénaturation des faits
Le CNE a rendu lundi une décision surpenante et dérangeante à bien des égards. Paris et Marseille sont sanctionnés. Un point en moins pour chaque formation, et une suspension d'activité pour les dirigeants coupables d'un tapage nauséabond. Ce motif est recevable sur un plan légal. Mais pas le reste.Officiellement, c'est pour "mauvaise image du football" que les clubs parisien et marseillais sont condamnés. Et c'est là que la coercition devient franchement bancale.
L'OM, n'a pas eu raison d'envoyer une équipe de cinquième division au Parc des Princes. Mais le règlement n'indique jamais qu'il se met en tort sur le plan légal, en prenant une telle décision, fût-elle mauvaise...
Le règlement n'interdit pas d'aligner une équipe composée de quelques professionnels et de jeunes issus du centre de formation, de surcroît quand une partie de cet effectif réserve a déjà participé à des rencontres professionnelles...
Le CNE viole donc la loi. L'OM est dans son droit, alors on change ce dernier ! Bein voyons ! Au nom de la morale, la rétroactivité de la loi est appliquée à des faits antérieurs !
Cette décision du CNE est surmotivée pour deux raisons :
La motivation principale de ce verdict repose sur la "mauvaise image du football"... ce qui correspond à une dénaturation des faits, à même de réduire à néant la libre appréciation des faits par le juge.
Il y a violation du règlemement car on rajoute à postériori une condition que ce même règlement ne prévoit pas.
De plus, le Comité des tiques rattache de manière subsidiaire un motif supplémentaire qui apparaît en définitive être la motivation principale !
Et aligner une équipe bis n'est pas un délit...
Il y a donc dénaturation de faits et violement du règlement par le CNE.
Avec un peu de recul, nous pouvons nous dire que ce PSG/OM s'est déroulé dans le calme, pour une fois. Nous aurions davantage apprécié une action des instances lors du match de l'an dernier, lorsque l'intégrité physique des joueurs olympiens avait été mise à mal par des supporteurs incontrôlables.
Fallait-il avoir le courage de décréter le huis-clos ?
Cette mesure est-elle propice à un endiguement des tensions entre Paris et Marseille ?
Il ne suffit plus d'avoir raison
Dans un souci de pacification et dans l'intérêt de l'Olympique de Marseille, Pape Diouf aurait dû agrémenter la sage résolution de ne pas envoyer de supporteurs marseillais au Parc, par celle d'aligner l'équipe la plus compétitive possible. En décidant ceci plutôt que cela, l'OM aurait même pu se payer le luxe d'attaquer Paris pour un raison plus compréhensible : la sécurité de ses supporters. L'autoconfiguration de Marseille en victime lui porte tort.Et Canal, la Ligue et les tiques n'auraient rien eu à redire. Seul Paris aurait eu un point en moins...
Comme quoi, il ne suffit pas d'avoir raison. Encore faut-il ne pas se mettre en tort.
ESPIGOULIEN qui est 13NRV...
Solide comme un wok !