23-04-2005, 22:23
Au loin j’entends le murmure de la foule, lointain bourdonnement ou grondement sourd au gré des mouvements de la porte qui mène au terrain.
Dans le silence religieux du vestiaire des arbitres je patiente sagement, en boule sur le banc, dans quelques instants je serai sous le feu des projecteurs, en pleine lumière !
Le stade est plein comme un ½uf, comme l’infortuné Gunnar Anderson en fin de carrière. Depuis trop longtemps mise au placard, l’occasion m ‘est enfin donnée de rebondir.
Me retrouver dans ce lieu a quelque chose de dynamisant.
Je vais enfin pouvoir m’agiter pendant une bonne heure et demie et ça va me faire le plus grand bien !
Quel bonheur d’être l’objet de toutes ces convoitises d’être observée avec attention, d’offrir ma rondeur aux regards excités des téléspectateurs !
Ce soir je passe à la télé !
Enfant de la balle, j’ai très souvent entendu une vieille baudruche qui a beaucoup roulé, égrener ses souvenirs de Marcel Saupin, ses aventures avec un José ténébreux puis un drôle de Coco, sur tous les stades de France.
Jadis on admirait sa façon élégante d ‘évoluer, son allure, son incomparable aisance, son style inimitable. C’était la belle époque du cousu main !
Les temps ont changé et aujourd’hui le plaisir n’est plus le même.
Mais avec l’OM c’est différent, c’est un je ne sais quoi d’indéfinissable qui me transporte allègrement !
Je subis d’innombrables coups de pompes et, paradoxalement, je ne suis pas souvent crevé, est-ce du à ma débonnaire rotondité mais je ne suis pas du genre à me dégonfler.
Ma façon à moi de toujours arrondir les angles !
Un que j’aime bien c’est Bertrand Layec hormis le fait qu’il me siffle souvent ce qui est parfois un peu gênant, il est toujours très correct, il ne me touche pratiquement jamais. Un peu au début et c’est blotti bien au chaud dans ses bras que je rejoins le rond central, faut dire qu’une tempête de grêle a bien refroidi l’atmosphère tantôt.
Particulièrement jaloux, il déteste que l’on mette la main sur mes rondeurs.
A cet instant précis une voix annonce la composition des équipes.
Pour l’OM : Barthez – Beye – Dehu – Méïté – Olembe – Koke - N’Diaye - Pedretti - Batlles – Bamogo - Marlet.
Pour Nantes : Landreau – Savinaud – Cetto – Delhommeau - Viveros (une défense en O c’est rigolo !) Da Rocha – Yapi – Toulalan – Quint – Bagayoko - Diallo
En dehors de ses coups de sifflets qui seraient flatteurs si moins fréquents, l’arbitre a la fâcheuse habitude de me tirer au sort au moyen d’une pièce de monnaie, cette engeance n’aime pas les billets, enfin officiellement !
Ce sont les Nantais qui entament les hostilités et pendant une heure et demie les vingt-deux joueurs ne vont pas m’épargner.
La pelouse est bien humide et les joueurs nous gratifient de belles glissades.
Le Nantais, je prends, je donne, peu affectueux il ne multiplie pas les caresses .Je me demande parfois s’il a vraiment du sentiment pour moi.
Je trouve cette aimable plaisanterie un peu au raz du gazon, un peu terre à terre mon petit canari.
Heureusement que les Marseillais m’offrent l’occasion d’un peu m’élever, de prendre de la hauteur surtout Abdou mais leurs pensées semblent confuses et la ligne directrice nébuleuse par rapport aux sentiments nantais.
En l’espace de deux minutes Bamogo puis Marlet me donnent de grands coups de pied mais malgré tous mes efforts je m’envole loin du but espéré !
Le Nantais est surprenant il me fait découvrir son jeu en triangle, avec lui je me dédouble et multiplie les passes.
Le jeu est engagé et tout le monde me court après avec avidité !
Ce n’est pas pour me déplaire je l’avoue.
Parfois je me rebelle mais j’évite de le faire avec Laurent avec sa manie de me reprendre de volée !
Le Marseillais plus individualiste ne fait ni une ni deux, quel égoïste !
Il aime ma compagnie, il est peu partageur, comme Habib ou Lulu il ne me quitte pas des yeux, parfois comme Salomon il m’emmène très loin puis m’abandonne sans raison et puis me reprend pour continuer son étrange manège ! A propos de manège monsieur Layec lui demande de cesser le sien sous peine de retour anticipé au vestiaire !
Je suis plus souvent dans les pieds nantais et quand je rencontre le gauche d’Olivier Quint je file direct dans la cage de Fabien, même pas une demi-heure de jeu et Nantes mène 1 à 0 !
Avec Fred ou Habib c’est souvent prise de tête et même des fois ils me chassent de leur territoire à grands coups de pieds. Cependant toujours gentil, l’Olympien ne me frappe pas souvent ou alors avec tant de maladresse comme Steve que cela en est touchant ! Habib Beye n’a pas l’air très affûté ce soir.
Je fréquente souvent le côté de Salomon, les canaris venant souvent piailler par-là !
Barthez me prend souvent dans ses bras en cette première période.
Allez c’est la pause, rentrons vite au chaud !
Troussier modifie son équipe en remplaçant respectivement Marlet et Batlles par Luyindula et Nasri.
Effet immédiat, bis repetita Quint nous remet ça et double la mise !
Une minute après la reprise Nantes mène 2 à 0. Quelle désolation !
Olembe se montre en deuxième mi-temps histoire de vérifier la loi de Murphy :C’est toujours le joueur le plus mauvais qui a la balle !
" Mais y sont où, mais y sont où, mais y sont où les Marseillais… " ça chambre dans les tribunes, il m’a même semblé entendre la voix du bovidé !
Le jeu s’agite, les passes à l’adversaire se multiplient, surtout de la part des Marseillais, à ce jeu d’un prêté pour un rendu, ces échanges me déboussolent, mais ce n’est qu’une période de transe sphère anticipée ! Quel plaisir de prendre un peu l’air, surtout lors de la venue des Marseillais avec eux je m’aère souvent, je m’envoie en l’air.
Cette manière d’aller d’un côté et de l’autre est un peu enivrante surtout quand on est déjà parfaitement rond au départ. Sous la double action de Nasri et de Luyindula l’OM se fait pressante…Koke est accroché dans la surface de réparation par Viveros mais Bertrand Layec ne bronche pas. Bamogo n’est pas plus efficace et le sentiment d’impuissance demeure.
Quint ne fera pas le coup du chapeau, il sort à la 65ème minute.
Samir je l’aime bien et il me le rend bien, j’aime ces grandes promenades souvent ponctuées de petites touches, comme pour me rassurer.
O fan ! Qui m’a frappé avec tant de violence c’est Benoît Pedretti, je suis parti directement dans la lucarne, il y avait longtemps que cela ne m’était pas arrivé.
Il reste 20 minutes. " Allez, allez, allez " les supporters marseillais se font entendre. Nantes ne mène plus que 2 à 1.
Les supporters sifflent ou encouragent leurs équipes favorites mais ne m’adressent jamais la parole…Je peux toujours crever !
Une seule fois on m’a traité d’icosaèdre tronqué, mais c’était une injure de scientifique qui cherchait à se rendre intéressant !
Méîté sort, Ferreira rentre à droite, Beye glissant au centre dans l’axe.
Je suis plus souvent dans les pieds marseillais.
Superbe mouvement à trois Luyindula, Pedretti qui donne à Koke qui score !
Un tir dévié ( en un seul mot ) qui permet à l’OM de rejoindre les Nantais 2 à 2 à La Beaujoire.
Joli révolte des Marseillais qui puisent dans leurs ressources morales la force de ramener le point du nul.
C’est de la balle! Comme dit un ballon de quartier !
" Au football seul le ballon n’est pas payé, c’est pourtant lui qui se prend le plus de coups " complète Vincent Roca.
La partie se termine, je rejoins les bras de Monsieur Layec, j’ai connu dans ce match le bonheur d’être dans les bras de Fabien d’où j’entends palpiter son c½ur olympien, il aime bien me prendre, me nicher dans ses bras mais pas dans ses filets.
Je me sens en parfaite symbiose avec sa coupe de cheveux, semblable à son caractère lisse sans aspérité, comme moi ce soir il est ballotté, malmené, frappé, martyrisé…
Mais il n’est pas du genre à se déballonner et gonflé comme votre serviteur compte bien rebondir encore longtemps. Il prend des coups de la part de cette presse spécialiste du foot mais un spécialiste du contrepet vous dira que c’est du vent, nauséabond certes, mais que du vent !
Fabien dégage…crient les vieilles baudruches… le ballon, complètent tes admirateurs !
Cetace